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Jordan Valentin : perpétuer la mer, faire vivre la pêche

© Bertrand Wendling

La mer coule dans les veines des membres de la famille Valentin. Pêcheur depuis son plus jeune âge, Jordan Valentin, 32 ans, perpétue une tradition familiale avec passion et lucidité face aux défis que doit relever le secteur. Capitaine d’un thonier senneur et patron d’un palangrier, il incarne cette génération de marins-pêcheurs qui conjugue attachement au savoir-faire et engagement en faveur d’une pêche durable. Portrait.

Une affaire de famille

Chez les Valentin, la pêche est une affaire plus que sérieuse. Fils et petit-fils de pêcheurs, Jordan s’est intéressé de près à cet univers dès son plus jeune âge. Cette passion l’a tout naturellement conduit à poursuivre ses études au lycée maritime Paul Bousquet, à Sète. Désireux de perpétuer cette belle tradition familiale, il commence à travailler dès l’âge de 16 ans sur des navires et acquiert petit à petit de l’expérience. 

 

« Les premières sorties en mer ont laissé des souvenirs d’immensité et de grandeur », se remémore le jeune homme. BEP et bac pro en poche, et fort de ses années d’apprentissage et de son engagement, Jordan est parvenu à devenir capitaine à bord d’un thonier senneur et patron sur un palangrier pêchant essentiellement le thon rouge et l’espadon en Méditerranée. Des espèces réputées, qui exigent méthode, respect des quotas et sens marin. Mais au-delà de la technique, c’est une passion toujours aussi forte qui habite Jordan Valentin au quotidien : « chez moi, elle est nourrie par l’amour de la mer et la sensation de liberté qu’elle procure ».

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« Les premières sorties en mer ont laissé des souvenirs d'immensité et de grandeur »
JORDAN VALENTIN

Une vie scandée par la mer

Le quotidien d’un marin-pêcheur est tout sauf monotone. Jordan nous partage d’ailleurs sa définition du métier de marin-pêcheur : « Une personne passionnée par la pêche, assidue et courageuse, qui s’engage à sortir en mer quotidiennement pour exercer son métier ». Le ton est donné. Pour lui, les journées commencent souvent en milieu de journée avec la préparation du matériel, les vérifications météo sur l’application Weather 4D, qui offre des prévisions très précises, et une étape indispensable : l’analyse des courants marins.

 

Concernant le moment idéal pour pêcher, tout est question de timing : le soir est le moment le plus propice à la pêche, car « les poissons se nourrissent davantage en fin de journée », précise le capitaine. Les trajets vers les zones de pêche peuvent durer de 45 minutes à 4 heures, selon les périodes et les conditions.

À bord, l’organisation est bien rodée. Jordan Valentin et ses quatre coéquipiers vivent ensemble dans un espace restreint, mais fonctionnel doté de couchettes, d’une douche, de toilettes et d’une cuisine où chacun prépare à manger à tour de rôle.

 

Et la vie de famille dans tout cela ? Jordan Valentin le reconnaît : la pêche est une activité professionnelle qui demande un investissement important en terme de temps, surtout lorsqu’il part pour plusieurs jours. Pour autant, les opérations de pêche ne riment pas avec rupture des liens familiaux : « C’est un métier prenant, surtout quand on part plusieurs jours. Mais même en mer, on garde le contact avec nos proches. Le plus grand plaisir reste de retrouver sa famille après plusieurs jours au large », confie le capitaine.

Préserver la mer

Côté ressource, le capitaine de navire se réjouit de la hausse substantielle des populations de thon, preuve selon lui qu’une gestion rigoureuse peut porter ses fruits. Il salue aussi les collaborations avec des scientifiques, qui permettent de minimiser l’impact environnement des activités de pêche. Pour autant, il regrette la disparition progressive de certaines techniques traditionnelles, comme le lamparo pour la sardine, mise en péril par la taille réduite des poissons et la perte de débouchés commerciaux.

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« Le marin-pêcheur c'est une personne passionnée par la pêche, assidue et courageuse, qui s’engage à sortir en mer quotidiennement pour exercer son métier »
JORDAN VALENTIN

Transmettre une passion

Profondément attaché à l’univers de la pêche, Jordan Valentin plaide en faveur d’une meilleure reconnaissance de son métier. Pour lui, cela passe par une sensibilisation des consommateurs au poisson sauvage, loin des idées reçues, mais aussi par des bateaux plus modernes, plus confortables, plus sécurisés et plus sobres, des prérequis pour « améliorer la qualité du poisson débarqué et les conditions de travail ».

 

Sa vision de la pêche est fondamentalement tournée vers l’avenir : transmettre aux plus jeunes un savoir-faire, un respect de la mer. Comme il le résume joliment : « Si la mer pouvait parler, elle demanderait qu’on la respecte. La relation du marin à la mer est fusionnelle. Il faut une grande humilité ». Un message plein d’espoir qu’il espère transmettre aux nouvelles générations.

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© Bertrand Wendling

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