Pêcheurs, scientifiques, pouvoirs publics : tous acteurs de la pêche durable 

Source iconographique : BW © Sathoan

La pêche responsable est l'affaire de tous

Au fil des années, la gestion durable des ressources halieutiques s’est imposée comme une priorité. Plus que jamais, les pêcheurs, en première ligne, doivent relever un double défi : continuer à nourrir les Français tout en jouant un rôle crucial dans la préservation des écosystèmes marins. Parce que la pêche repose sur l’exploitation des ressources maritimes, les pêcheurs ont par nature intérêt à ce que la ressource soit en bonne santé. Pour atteindre cet équilibre délicat entre exploitation et préservation, il est essentiel de renforcer les réglementations, de moderniser les techniques de pêche et de s’appuyer sur les avancées scientifiques. Ces éléments sont indispensables pour assurer une exploitation des ressources qui soit à la fois efficace et respectueuse de l’environnement.

Des ressources fragilisées par la dégradation de l’environnement

La durabilité de la pêche est d’autant plus cruciale que les activités humaines continuent de peser sur l’environnement. Les ressources halieutiques sont, elles aussi, soumises à cette pression croissante, avec des conséquences significatives sur les écosystèmes marins. 

 

Par exemple, la pollution côtière oblige certains poissons à se déplacer, ce qui perturbe leur cycle de vie, et notamment leur reproduction ou leur alimentation. Le golfe de Gascogne est affecté par la pollution, avec un impact important sur certaines espèces, comme la sole. Les pêcheries situées en Méditerranée sont également touchées. Anchois et sardines sont les principales espèces impactées. Dans l’Atlantique, c’est le réchauffement des eaux qui affecte les ressources halieutiques, un phénomène qui concerne tout particulièrement l’Irlande. 

 

Ainsi, la préservation des ressources halieutiques est loin de dépendre uniquement des acteurs de la pêche, malgré des efforts significatifs réalisés ces dernières années. La préservation des ressources halieutiques est donc l’affaire de tous ! 

Le nécessaire ajustement de l’effort de pêche

La pêche se voit appliquer le principe du rendement maximum durable (RMD). Concrètement, il renvoie à la quantité maximum d’un stock de poissons que l’on peut prélever sans altérer sa capacité de reproduction. Ce principe impose donc une exigence d’équilibre. Trop faible, l’effort de pêche conduit à une situation de sous-exploitation de la ressource. Excessif, il peut entraîner une surexploitation qui menace la pérennité des stocks à long terme, et qui serait également préjudiciable sur le plan économique. Aussi, l’effort de pêche doit être ajusté.  

 

Pour ce faire, diverses mesures réglementaires sont mises en œuvre et la politique des quotas de pêche joue également un rôle majeur. Aussi appelés totaux admissibles de capture (TAC), les quotas de pêche occupent depuis 1983 une place centrale au sein de la Politique commune de la pêche, fixant des limites strictes sur la quantité de poissons pouvant être pêchés. La réglementation européenne promeut également une pêche durable qui encadre au quotidien l’activité des pêcheurs. « La politique commune de pêche s’est construite autour de trois piliers : environnemental, social, économique. Chaque jour nous faisons en sorte de faire davantage entendre le volet social et économique », souligne Julien Lamothe, Directeur de l’organisation de producteurs FROM Sud-Ouest 

 

Le rôle des pêcheurs est également indispensable pour ajuster l’effort de pêche et contribuer à la durabilité des ressources, que ce soit en termes de techniques de pêche et d’engins. « On ne peut pas dire qu’il y ait de mauvais engins en soi. En revanche, il y a de mauvaises pratiques », tient à préciser Julien Lamothe. 

Des progrès scientifiques et technologiques au service d’une pêche durable

La durabilité de la pêche est étroitement liée à une fine connaissance des ressources halieutiques. Or, la recherche scientifique a considérablement évolué ces dernières années, notamment au niveau du volet “recueil des données”. Fréquemment, des campagnes en mer ont lieu pour en savoir davantage sur les différents écosystèmes. L’Ifremer réalise bon nombre de ces campagnes.  

 

Des innovations technologiques contribuent de façon significative à la durabilité de la pêche. Par exemple, un système de drone a été mis en place dans le golfe de Gascogne. Celui-ci permet de quantifier la présence de dauphins. Ce dispositif pourrait être étendu à d’autres espèces.  

 

Autre pratique : prélever de l’eau et séquencer les ADN présents. Ce procédé permet d’identifier les espèces qui fréquentent la zone en question. De l’ADN est également prélevé sur des juvéniles et des adultes pour reconstituer les liens de parenté.  

 

Selon Julien Lamothe, « un défi majeur doit toutefois encore être relevé pour renforcer la durabilité de la pêche : la modélisation d’un environnement global ». L’approche actuelle reste focalisée stock par stock, espèce par espèce. Il est également difficile d’avoir une vision large, prenant en compte les interactions entre espèces.  

Des résultats positifs à confirmer

« La tendance actuelle est positive », souligne Julien Lamothe. Chaque année, la Commission européenne produit un état des lieux de la situation des stocks. Le dernier bilan publié en juin 2024 reste assez positif sur la pression de pêche : de moins en moins de stocks font l’objet d’une surexploitation. 

 

Du fait des efforts entrepris par les pêcheurs, certaines espèces sont plus présentes qu’auparavant, à commencer par le thon rouge, dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée. Le merlu est également concerné. La sélectivité des engins de pêche y est pour beaucoup. La sélectivité assure une sélection fine du fruit de la pêche, permettant ainsi d’épargner certains poissons. Par exemple, dans le golfe de Gascogne, des pêcheurs utilisent des dispositifs sélectifs qui permettent de ne pas retenir les petits poissons, ce qui a renforcé l’abondance de ces derniers. Bien que ces résultats soient prometteurs, la profession dans son ensemble en reste consciente : ces efforts devront être intensifiés dans les années à venir… Mais les bases sont posées pour un avenir où l’équilibre entre les besoins humains et la préservation des écosystèmes marins pourra être atteint.  

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