Pêcher sans épuiser : où en sont nos ressources marines ? Que peut-on attraper dans nos filets ? Chaque année, l’Ifremer scrute l’état des stocks halieutiques en France et évalue la durabilité des pêches débarquées. Entre bonnes nouvelles et signaux d’alerte, ce bilan permet de mesurer les progrès – et les défis – de la pêche durable. Plongée dans les chiffres de 2023 pour mieux comprendre l’équilibre entre exploitation et préservation des ressources marines.

Ce rapport porte sur :
- 169 stocks halieutiques évalués
- Dont 134 classifiés selon les indicateurs ci-dessous
- Appartenant à 73 espèces différentes
Conformément à la Politique Commune de la Pêche (PCP), la classification des stocks repose sur 2 indicateurs :
- un indicateur de pression, soit le taux de prélèvement de chaque stock (prélèvement par pêche),
- un indicateur d’abondance du stock, soit la biomasse de reproducteurs.
Un stock est considéré en bon état si son abondance est supérieure au seuil optimal et que le taux de prélèvement est inférieur au seuil maximisant l’exploitation.

1. Bulletin de pêche

Nota bene : un stock effondré ne désigne pas au sens littéral un stock disparu ou en voie d’extinction, mais un stock où la quantité de reproducteurs est considérée insuffisante pour le renouvellement optimal de ces populations.

2. Evolutions

Comment a-t-on obtenu ces résultats ? Grâce à une combinaison de mesures de gestion adaptées et contrôlées (quotas de pêche), de mesures techniques (maillages, fermetures spatio-temporelles), de limitations d’efforts de pêche.


3. Recrutement

Cette situation de baisse du recrutement est inquiétante car malgré les efforts des pêcheurs pour limiter leurs prélèvements, l’abondance des stocks ne peut pas augmenter. Pourtant les pêcheurs n’ont pas les clés pour améliorer la situation car les causes de baisse du recrutement sont principalement liées à des facteurs environnementaux et d’impacts anthropiques : pollution des eaux, artificialisation des zones côtières, réchauffement climatique.
Les stocks de poissons sont donc très impactés par les activités humaines terrestres et les pêcheurs directement impactés par le déclin de la biodiversité.
Prenons le cas du hareng de la mer du Nord. Le réchauffement climatique pourrait décaler la période d’éclosion des larves qui ne pourraient plus profiter des efflorescences de zooplancton, leur principale source de nourriture.
4. Des défis à relever pour aller plus loin
- Stabiliser les progrès et poursuivre les efforts pour renforcer la durabilité de toutes les pêcheries.
- Améliorer l’acquisition des données et les méthodes d’analyse pour évaluer un maximum de de stocks : encore 20 % des débarquements proviennent d’espèces non évaluées.
- Mieux comprendre les facteurs environnementaux qui affectent le recrutement.
Les chiffres 2023 montrent une amélioration de la situation de nombreux stocks, et la pêche durable connaît une progression. L’enjeu pour les années à venir sera de maintenir ces progrès, en adaptant en permanence les pratiques pour préserver les ressources marines tout en garantissant une activité économique viable pour les pêcheurs. Pêcheurs et consommateurs, nous sommes sur la bonne voie.