Si la filière pêche est composée de femmes et d’hommes qui exercent des activités différentes, les pêcheurs ont en commun la passion du métier et un attachement viscéral à leur savoir-faire. Une force collective sur laquelle ils s’appuient pour relever des défis importants. Alors que le métier peine à attirer de nouvelles recrues et que la modernisation devient indispensable, ces acteurs se mobilisent ensemble pour préserver la richesse de la mer et bâtir un avenir pour les nouvelles générations.
La pêche, des métiers et des activités au service de la souveraineté alimentaire
La force collective des pêcheurs repose sur la complémentarité des différents types de pêche.
En effet, la filière contribue à la souveraineté alimentaire à l’échelle nationale et européenne en s’appuyant sur la diversité des activités.
Cette complémentarité permet à la filière de répondre aux besoins alimentaires tout en garantissant la viabilité des entreprises. Une complémentarité que Bruno Leduc, directeur général d’Euronor, armement de 6 navires de 44 à 55m qui pêchent dans les eaux du Nord de l’Atlantique, entre l’Islande et la Norvège, souligne : « La pêche côtière permet d’alimenter au quotidien des marchés de produits souvent haut de gamme, et de pêcher des ressources proches des côtes. Si elle est essentielle pour des circuits de consommation particuliers, elle ne peut pas suffire à nourrir tout le monde. Il faut aussi des navires de grande taille capables d’affronter les mers du large en restant sur les zones de pêche plusieurs jours. Ces productions sont le cœur de l’alimentation quotidienne et se sont montées indispensables par le passé, d’endiguer des famines lorsque la pêche côtière et l’agriculture ne suffisaient pas pour nourrir les populations ».
Pour mesurer l’importance économique de la filière, il suffit de considérer son chiffre d’affaires : près de 2 milliards d’euros en 2021 d’après FranceAgriMer. La filière pêche participe non seulement à la souveraineté maritime française, mais aussi à la souveraineté alimentaire de tout un continent. C’est cette solidarité et cette complémentarité des rôles qui rendent la filière plus résiliente face aux enjeux alimentaires.
Le défi de la préservation de la ressource
Témoins privilégiés de l’évolution du milieu maritime, les pêcheurs sont depuis longtemps conscients de la nécessité de promouvoir une pêche durable. « Nous sommes les sentinelles de la mer », rappelle Xavier Hauchard, patron-armateur d’un navire en pêche côtière opérant dans la Manche.
C’est désormais toute une filière qui s’active et se mobilise pour préserver la ressource notamment par le renforcement de la sélectivité des engins de pêche. Les efforts déployés ont déjà produit des effets bénéfiques. Actuellement, 56 % de la production est issue de populations de poissons exploités durablement. En 2000, ce chiffre s’élevait à 10 %. Ces résultats illustrent l’efficacité de l’union de la filière autour d’un même objectif : préserver les écosystèmes marins.
Le dernier état des lieux réalisé par la Commission européenne en juin est à cet égard assez encourageant. Celui-ci souligne la diminution des stocks faisant l’objet d’une surexploitation. L’exemple du thon rouge ou du merlu, dont les stocks se reconstituent grâce à des mesures concertées de gestion durable, démontre que la pêche peut à la fois répondre aux besoins alimentaires et protéger la biodiversité. Cette dynamique de préservation, fruit d’une mobilisation commune, doit continuer à s’amplifier pour faire face aux défis futurs.
Fédérer la nouvelle génération autour de valeurs partagées
Pour que la filière reste forte et unie, il est impératif d’attirer de nouvelles recrues. Aujourd’hui, avec une moyenne d’âge des marins pêcheurs de 41 ans, le renouvellement des générations est devenu une priorité. Attirer les jeunes implique de mettre en avant ce qui fait la force de la pêche : la passion du métier, l’amour et le respect de la nature, l’innovation et l’esprit de solidarité. « La convivialité et l’esprit de corps sont des éléments centraux de la vie des pêcheurs », explique Bruno Leduc, qui insiste sur l’importance des initiatives de rapprochement et des échanges qui renforcent l’appartenance à une communauté soudée. Choisir la pêche, c’est rejoindre un collectif solidaire et développer un sentiment d’appartenance peu commun. Un univers au sein duquel la convivialité occupe une place centrale.
En plus des liens humains, la filière évolue pour répondre aux attentes des jeunes générations. Le mouvement de modernisation des navires en est un exemple marquant : désormais plus confortables et équipés de technologies avancées, les nouveaux bateaux facilitent la tâche des pêcheurs, notamment pour la capture et demandent de nouvelles compétences.
Choisir la pêche, c’est donc s’engager dans un secteur à la fois ancré dans la tradition et tourné vers l’avenir. Demain, ce sont les nouvelles générations qui écriront l’avenir de tout un secteur et poursuivront la mission de protection des écosystèmes marins.
En somme, face aux défis actuels et futurs, la filière pêche continue de prouver que sa force réside dans sa solidarité. En travaillant main dans la main pour préserver les ressources marines, moderniser les pratiques, et attirer de nouvelles générations, elle se donne les moyens de relever ces enjeux avec succès. C’est en transmettant aux jeunes non seulement un métier mais aussi des valeurs d’entraide et d’engagement pour l’environnement que cette filière pourra se réinventer durablement. Plus que jamais, l’union des pêcheurs est la clé pour bâtir un avenir commun où la protection des océans et la souveraineté alimentaire vont de pair.