L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a dévoilé, à l’occasion de la Troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan, son nouveau rapport sur l’état des ressources halieutiques marines mondiales. En parallèle, la Commission européenne a elle aussi publié une nouvelle note d’orientation politique sur la pêche durable au sein de l’UE. Comment évoluent les stocks de poissons à l’échelle du globe ? La pêche européenne a-t-elle continué à améliorer sa durabilité ? État des lieux et éléments de réponse.
Le rapport de la FAO, une évaluation inédite :
Le nouveau rapport de la FAO évalue la durabilité de 2 570 stocks de poissons, soit une couverture sans précédent. Rédigé par plus de 650 experts issus de plus de 200 institutions et de plus de 90 pays, ce rapport couvre toutes les zones de pêche marine identifiées par la FAO et fournit l’analyse la plus claire à ce jour sur l’état des pêcheries mondiales, sur la base des données 2021. Pour la première fois, le rapport de la FAO inclut la zone Antarctique dans son étude :, 100 % des stocks évalués y sont exploités de manière durable.
Le“policy statement”, publié par la Commission européenne : entre progrès et défis à relever
En juin 2025, la Commission européenne a publié un nouveau rapport sur l’état actuel et les perspectives de la pêche durable au sein de l’UE pour l’année 2025. Ce document met en avant les progrès réalisés, ainsi que les défis auxquels le secteur est confronté.
Les avis du CIEM : la science au service des décisions politiques
Créé en 1902, le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) est un organisme intergouvernemental qui coordonne la recherche sur les ressources et l’environnement marins dans l’Atlantique nord-est (zone 27 de la FAO). Le CIEM est la principale source des avis en matière de gestion des environnements marins de l’Atlantique nord-est et des mers adjacentes. Il s’appuie sur les diagnostics et les conclusions d’une centaine de groupes d’experts. Ces avis sont rendus à la demande des gouvernements des pays membres, aux organisations chargées de la gestion (NEAFC par exemple), ainsi qu’à la Commission européenne. Le CIEM a publié un nouvel avis sur l’état des stocks et les possibilités de pêche 2026 en juin 2025.


Ces progrès sont attribués à la gestion rigoureuse mise en place en Europe : encadrement de la capacité, quotas de captures et d’effort, sélectivité des engins, plans de gestion, contrôles… Et les résultats sont visibles avec des améliorations notables de l’état de certains stocks importants, comme la baudroie, le merlu ou encore l’anchois (avis CIEM 2025).

Thonidés : des résultats remarquables




Des perspectives encourageantes, mais une nécessité d’aller encore plus loin
Malgré des progrès significatifs, la FAO, par le biais de son nouveau rapport, appelle les États à investir massivement dans la collecte et l’analyse de données. Elle les incite également à favoriser les approches scientifiques et robustes dans leur gestion des stocks halieutiques. “C’est tout l’enjeu de la Blue Transformation de la FAO : un appel à bâtir des systèmes alimentaires aquatiques plus efficaces, inclusifs, résilients et durables, afin d’accroître leur contribution à la sécurité alimentaire mondiale, de répondre aux besoins nutritionnels et d’améliorer les moyens de subsistance d’une population mondiale en croissance”, a souligné Qu Dongyu, Directeur général de la FAO.
En Europe, les efforts doivent aussi se poursuivre
Dans son étude, la Commission européenne est elle aussi catégorique : le secteur de la pêche européenne progresse en matière de durabilité, avec davantage de stocks exploités à des niveaux durables en 2024 qu’en 2003. Mais même si certains facteurs autres que la pêche influencent l’état des écosystèmes marins et des stocks halieutiques, toutes les parties prenantes de la filière pêche (pêcheurs, États, armateurs, institutions, etc.) doivent poursuivre leurs efforts de préservation des ressources marines.
Comme le soulignent ces différents rapports, les pêches française et européenne vont dans le bon sens : celui d’une pêche toujours plus durable. Les résultats obtenus montrent qu’une gouvernance rigoureuse et fondée sur la science et la coopération internationale peut produire des résultats concrets et positifs. Forte de ces constats, la Politique commune de la pêche (PCP) est actuellement en cours de révision et servira prochainement à définir une vision de la pêche européenne à l’horizon 2040. L’enjeu est clair : bâtir un modèle de pêche toujours plus résilient et équilibré – entre production, écosystèmes et équité sociale.
Sources :
https://openknowledge.fao.org/items/ac6d51bb-5e01-4117-b1c6-cee61d430db0
https://www.europa.corsica/peche-durable-dans-lue-bilan-et-perspectives/
https://www.fao.org/about/fao-unoc-series/2025/fao-global-marine-fish-stock-assessment/fr