La pêche a traversé les âges et les civilisations, devenant bien plus qu’un simple moyen de subsistance. Aujourd’hui encore, elle occupe une place centrale dans la vie de nombreuses communautés, tant sur le plan économique que culturel. Alors, pourquoi pêche-t-on ? Pour répondre à cette question, il est essentiel de revenir sur l’histoire de la pêche, de comprendre ses vertus nourricières, de s’intéresser à ses bienfaits pour la santé humaine, mais aussi à la dimension économique et culturelle profondément liée à cette activité.
La pêche, une pratique ancestrale
De tous temps, les hommes ont pêché pour se nourrir. Ainsi, la pêche constitue l’une des plus anciennes activités humaines, mais aussi l’une des rares activités de production alimentaire ayant persisté de la préhistoire à l’ère moderne, survivant à la fois à la révolution néolithique et aux révolutions industrielles successives.
Les premiers hommes, chasseurs-cueilleurs, ont rapidement compris que rivières, lacs, et océans pouvaient leur offrir une source de nourriture abondante et accessible. Les fouilles archéologiques révèlent que la pêche était pratiquée il y a déjà des milliers d’années, avec des outils rudimentaires comme des points à crans, des hameçons en os, des filets en fibres végétales ou encore des harpons.
Au fil du temps, les techniques de pêche se sont perfectionnées et les sociétés humaines ont développé des savoir-faire spécifiques adaptés à leur environnement. Par exemple, les communautés côtières ont souvent mis au point des bateaux sophistiqués et des techniques de pêche en haute mer, tandis que celles vivant près des rivières et des lacs ont privilégié des méthodes plus adaptées aux eaux intérieures.
La France, une terre de pêche(s)
Avec ses vastes côtes maritimes et ses 10,9 millions de km² de zones économiques exclusives (ZEE), la France s’est naturellement tournée vers la pêche pour se nourrir. La pêche française s’est construite au fil des siècles, essentiellement à partir du XVIème siècle, époque où les Terre-Neuvas¹ quittaient les grands ports français pour pêcher la morue. À cette époque, de nombreuses familles vivaient de la pêche. Ce secteur était particulièrement florissant et permettait surtout d’assurer la souveraineté alimentaire d’une partie de la population française.
Car depuis la fin de la seconde guerre mondiale, même si l’image de la pêche s’est beaucoup dégradée, les Français figurent parmi les plus grands consommateurs de poissons de l’Union Européenne. Ainsi, d’après un sondage IFOP², 6 Français sur 10 consomment du poisson de manière hebdomadaire, avec une préférence pour le thon, le saumon, le cabillaud ou encore les crevettes.
Des bienfaits incontestables pour la santé
Le regain d’intérêt des Français pour le poisson et les fruits de mer s’explique par ses nombreux bienfaits pour la santé et sa faible empreinte carbone au regard des autres ressources animales consommées en France. Riches en acides gras oméga-3, connus pour leurs effets protecteurs contre les maladies cardiovasculaires, les poissons gras comme le saumon, le maquereau ou le hareng sont une excellente source de vitamine D, essentielle pour la santé des os et du système immunitaire.
Les poissons sont également faibles en graisses saturées, ce qui en fait une alternative saine aux viandes rouges et aux produits laitiers. Ils contiennent des vitamines B, qui jouent un rôle clé dans le métabolisme énergétique, ainsi que des minéraux comme le zinc, le fer, et le magnésium, essentiels pour le bon fonctionnement de l’organisme. En intégrant régulièrement du poisson dans leur alimentation, les populations peuvent ainsi bénéficier d’une meilleure santé, réduire les risques de maladies chroniques et favoriser une espérance de vie plus longue.
Un rôle économique et culturel fort
Au-delà de sa dimension nourricière, la pêche occupe aujourd’hui un rôle économique et culturel central au sein de notre pays. Avec 7 681 navires et plus de 13 000 emplois, les entreprises de pêche en France contribuent largement à une filière qui génère à travers toutes les pêches un chiffre d’affaires de 1,9 milliard d’euros. À ce titre, elles sont un pilier de la vitalité́ économique des territoires littoraux, de la souveraineté́ maritime française et de la souveraineté́ alimentaire du continent européen notamment.
Chaque année, dans une soixantaine de ports de pêche et 35 halles à marée, ce sont en effet 478 000 tonnes de poissons et crustacés qui sont débarquées. Par leur activité́, les entreprises de pêche alimentent en produits 280 entreprises de mareyage pour un total de 6 000 emplois, auxquels s’ajoutent 9 700 autres employés par 4 500 entreprises de poissonneries et 14 500 employés dans 217 entreprises de transformation.
Par ailleurs, grâce à l’activité de pêche, la France s’est constitué un véritable patrimoine culturel maritime. On pense aux installations portuaires de Marseille ou du Havre, aux anciens voiliers, à l’image du Belém, ou encore aux phares emblématiques comme celui de La Rochelle ou de Cordouan, qui éclairaient auparavant nos côtes. Plusieurs éléments du patrimoine maritime français sont d’ailleurs inscrits à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel : la récolte du goémon en Bretagne, l’élevage des huîtres de Cancale, les fêtes de la Matelote à Grand-Fort-Philippe, etc. Ainsi, la pêche participe à la préservation des identités culturelles et au maintien de pratiques gastronomiques ancestrales.
Une pêche nourricière… mais aussi durable
Aujourd’hui, une attention toute particulière est prêtée aux ressources halieutiques. Dans un contexte de réchauffement climatique, le cycle de la vie du poisson est perturbé. De même, les variations de température, la modification de l’oxygénation et de l’acidité influent fortement sur la reproduction et la croissance des poissons. C’est donc un métier en pleine mutation qui cherche des réponses à la durabilité de la ressource grâce, entre autres, à des échanges nourris avec la communauté scientifique.
Bien plus qu’une simple activité économique, la pêche est une pratique profondément ancrée dans l’histoire et les traditions humaines. Elle répond à un besoin fondamental de subsistance, tout en offrant des bénéfices inestimables pour la santé. Malgré les défis modernes, comme le dérèglement climatique, la pêche reste une activité incontournable, reliant l’homme à la nature depuis des millénaires.
¹ Terre-Neuvas : pêcheurs des terre-neuviers qui, du XVIᵉ siècle au XXᵉ siècle, partaient chaque année des côtes européennes pour pêcher la morue sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, au large du Canada.
² Sondage IFOP “Les Français et la consommation des produits de la mer”, juin 2024.